mercredi 28 novembre 2007

La vie dans une cité, le bruit et l’odeur !

Vignette_naderaTémoignage d'une étudiante habitant une cité à Clichy-sous-bois


Je suis fatiguée, exténuée, lessivée ! La rentrée a été dure pour ma petite personne. A la fac de Cergy-Pontoise pour la quatrième année consécutive, je me lasse de mes 200 minutes de transport quotidiennes. Et en ces temps de grève, c’est plutôt 360 minutes.

Mais j’aime bien ma petite fac de la banlieue ouest, la belle banlieue. C’est mon petit paradis culturel. La fac, la bibliothèque, les cinémas, la patinoire, la piscine, le parc de la préfecture, le conservatoire de musique et une vraie diversité de population. Alors, vous comprendrez aisément la larme qui me vient au coin de l’œil quand je rentre à Clichy-sous-Bois où mes oreilles et mon nez sont constamment agressés.

Arrivée dans le hall de mon bâtiment délabré, c’est la bande de «djeuns» que je dois traverser pour accéder à mon ascenseur. Ça gueule fort au lieu de parler, ça rit aux éclats, ça se dispute pour des broutilles. Je plains les habitants du rez-de-chaussée dont les fréquences de déménagement se font beaucoup plus élevées que dans les étages. Quel bruit !

En attendant mon ascenseur, là c’est l’odeur qui m’interpelle, l’odeur des détritus qui jonchent les escaliers menant vers les caves où les gens sont supposés déposer leurs ordures. C'est un sac poubelle éventré d’où dégoulinent les ordures ménagères vraisemblablement d’un des habitants de cet immeuble. Vraiment pas de respect de la vie en communauté chez certains. Je plains ceux du rez-de-chaussée.

L’ascenseur arrive enfin et c’est armée de ma grosse écharpe H&M que je me couvre le nez pour ne pas sentir l’odeur de pissouille ancrée dans les murs et sur le sol. Non non ! Ce n’est pas un chien qui s’est laissé aller.

Arrivée à mon étage je cours hors de ces toilettes ambulantes. Il fait noir. J’allume. Devant ma porte, une jeune fille et un jeune garçon adossé au mur, les jambes écartées. La jeune, apeurée, baisse les yeux à ma vue. Perplexe, je leur demande d’un ton exaspéré ce qu’ils foutent là. «Rien, rien», me rétorque le jeune garçon. La scène me paraît curieuse donc j’insiste. «Mais rien, c’est bon !»
Les paroles d’un autre garçon dans le hall d’entrée me reviennent à l’esprit. «C’est 10 euros !»
Je ne préfère pas pousser la réflexion plus loin. Fermer les yeux, c’est tellement plus facile. Elle a à peine 16 ans, je dirais. Merde !

Je me précipite chez moi, mon chez moi avec mon odeur et le bruit de gens qui me sont chers.
Dans mon lit, j’attends que Morphée vienne me bercer. Mais, qu’est ce que ça sent ? Le shit ! Ça fume dans ma cage d’escalier. Ça pue dans ma chambre qui est proche de la porte d’entrée. Ce soir, j’ai pas envie de me disputer et mon père ne veut surtout pas qu’on se fasse remarquer dans cette cité.
Mais y’en a marre quand même !

• Nadera Massoma •